Cap maternelle 2023-2024

Cette page garde mémoire d’un travail interrompu en cours d’année.

Sommaire – PROJET SCRIPTEURMotricité fineExercices graphiquesEcriture proprement ditePROJET ATTENTION, INHIBITION, MEMOIRE DE TRAVAILSituation de départProposition d’une démarche

PROJET SCRIPTEUR

APPRENTISSAGE DE L’ECRIT ET PEDAGOGIE EXPLICITE

Cette section documente l’évolution du projet de motricité fine commencé l’an dernier avec ma collègue Maïlys Sène en collaboration avec les conseillers pédagogiques Valérie Boutbien, Antoine Brune, Sophie Caron, Juliette Mahalin et Nathalie Mangeard-Bloch. Le projet a bénéficié d’un échange très enrichissant avec les équipes des écoles maternelle des Meuniers et de l’école maternelle Brèche aux Loups permis par Claudie Malaganne. Il s’inscrit aussi dans une démarche plus large : celle du projet scripteur de Cap maternelle.

🟠Motricité fine et enseignement explicite de l’écriture🟠

Cette section documente l’évolution du projet de motricité fine commencé l’an dernier. L’intention était d’approfondir les liens entre motricité fine et préparation de l’acte d’écrire. Ce projet a abouti à une proposition de décomposition motrice de l’acte d’écriture permettant de préciser les compétences motrices impliquées dans les ateliers de motricité fine. (cf. ci-dessous) Cette décomposition permet aussi de mieux saisir comment la motricité fine permet de nourrir l’enseignement explicite l’acte d’écrire : elle permet de présenter explicitement aux élèves les gestes qu’il doit pouvoir faire pour bien écrire. Ce travail d’explicitation permet aux élèves de saisir l’enjeu pédagogique des activités de motricité fine, en leur faisant comprendre que faire de la motricité fine, c’est apprendre à écrire. Un des enjeux de ce type d’explicitation est de permettre non seulement de mettre du sens sur les apprentissages, mais aussi sur ce qu’ils viennent faire à l’école.

Décomposition proposée l’an dernier

En continuité avec le projet de l’an dernier, ces ateliers de motricité fine sont proposés, en MS, l’après-midi, entre 14h et 14h45, après un temps calme. Ces séances sont exclusivement réservées à la motricité fine. Les activités proposées à ce moment de la journée ne sont pas, en principe, proposées à d’autres moments de la journée. Elles prennent la forme d’un choix d’atelier autonome entre lesquelles les élèves naviguent. Les moments d’explicitation peuvent avoir lieu en individuel pendant les ateliers ou en regroupement, avant ou après les ateliers où à un autre moment de la journée.

Nos collègues de l’école des Meuniers et de la Brèche aux loups nous ont fait la suggestion heureuse d’adapter cette décomposition pour en faire un affichage à destination des élèves.

Proposition d’adaptation et de simplification de la décomposition à destination des élèves

Proposition pédagogique. Cet affichage permet d’illustrer les explicitations que l’on fera des ateliers de motricité fine. Il permet aussi de récapituler les gestes de l’écriture. Les différentes phrases proposées au-dessus de chaque image peuvent être traitées comme une comptine que les enfants peuvent réciter et mettre en geste le crayon à la main.

Une des conclusions du projet de l’an dernier était que les objectifs que l’on peut attribuer aux activités de motricité fine ne sont pas nécessairement représentés de façon équilibrée dans les ateliers que l’on propose aux élèves. Ce constat devient possible à partir du moment ou la « motricité fine » n’est plus un objectif unique, mais une catégorie d’objectifs.

Exemple de menu équilibré de motricité fine (12 situations)

CompétenceSituation
1. J’ouvre mes doigts* Jeux des chouchous * Marionnettes à main
2. Je prends le crayon en faisant une pince* Pinces * Pinces à linge
3. Je retourne mon poignet* Memory
4. Je prends mon crayon avec trois doigts* Fil à dessiner
5. Mon poignet avance en ligne droite* Jeu de la voiture
6. Le bout de mes doigts se plie* Boîte à musique
7. Mon poignet monte et descend* Ukulele * Coloriage
8. Je lève ma main et la repose* Jeu du marteau * Pop-it

1. J’ouvre mes doigts

Jeux des chouchous

ajouter les marionettes à main

2. Je prends le crayon en faisant une pince

Pinces
Pinces à linge

3. Je retourne mon poignet

à ajouter : mémory

4. Je prends mon crayon avec trois doigts

Fil à dessiner

5. Mon poignet avance en ligne droite

Jeu de la voiture

6. Le bout des mes doigts se plient⭐

à ajouter : boite à musique

7. Mon poignet monte et descend

coloriage (merci aux collègues de l’école des Meuniers et de la Brèche au loup pour la suggestion)

ajouter : ukulele

8. Je lève ma main et la redescends

Jeu du marteau
Pop It

🟠Exercices graphiques et enseignement explicite de l’écriture🟠

Cet effort d’explicitation est peut-être plus évident pour le graphisme que pour la motricité fine. Ce qu’apporte le graphisme à l’apprentissage de l’écriture, c’est une décomposition graphique des lettres permettant de définir une progression de compétences à acquérir. Une façon d’approfondir ce lien entre graphisme et écriture est d’expliciter aux élèves la façon dont les signes graphiques qu’on leur présente s’intègrent dans la graphie de la lettre. Ici encore, on peut s’appuyer sur un affichage explicitant aux élèves la décomposition graphique des lettres.

Décomposition graphique des lettres majuscules à destination des élèves (proposition personnelle)

Décomposition graphique des lettres cursives (proposition de Maïlys Sene)

Proposition pédagogique. Une activité possible liée à cette décomposition consiste à demander aux élèves de montrer et nommer dans les lettres les signes graphiques proposés.

Le travail précédent sur la motricité fine permet d’enrichir le travail sur le graphisme en revenant sur les gestes moteurs impliqués dans la réalisation des signes graphiques de la progression. Expliciter les implicites moteurs de signes graphiques avant de le faire pour des lettres permet de saisir la relation entre motricité et graphisme dans une situation relativement simple. Lors d’une séance sur les lignes verticales, il sera donc question d’expliciter le mouvement du poignet nécessaire en montrant comment la réalisation du mouvement verticale implique, sur un grand support, un mouvement de montée et de descente du bras provenant de l’épaule et du coude et que, sur des supports plus petits, ce mouvement se situe au niveau du poignet.

Exemples d’exercices graphiques réalisés en classe

Piste graphique mise à la libre disposition des élèves en classe

Exercices graphiques en situation d’enseignement formel

🟠Enseignement explicite du geste d’écriture proprement dit🟠

Exemples de situation d’écriture

Coin écriture en libre accès dans la classe, de nouveaux mots sont régulièrement proposés, un affichage avec les prénoms de la classe est proposé

PROJET ATTENTION, INHIBITION, MEMOIRE DE TRAVAIL

FONCTIONS EXECUTIVES, METACOGNITION ET PEDAGOGIE EXPLICITE

Cette section documente le projet inachevé d’une démarche pédagogique mobilisant les apports des neurosciences pour le cycle 1. Cette proposition cherche à compléter les propositions des manuels actuels sur le sujet en utilisant la démarche que nous avions mise au point pour la motricité fine. Cette réflexion profite aussi de la formation du DU de neuroéducation du laboratoire LaPsyDé dans lequel je suis inscrit cette année. Ce projet n’a pu être expérimenté en classe, il reste à l’état de proposition.

🟠Situation de départ🟠

Deux choses que l’on peut retenir du travail des neurosciences. (1) Une mise en lumière des fonctions exécutives (attention, inhibition, mémoire de travail). Les fonctions exécutives sont des compétences cognitives qui peuvent faire l’objet d’un entraînement en eux-mêmes. (2) La mise en évidence de l’intérêt pédagogique d’un travail sur la métacognition, c’est-à-dire sur la compréhension qu’ont les élèves du fonctionnement de leur cerveau et, plus généralement, des actes cognitifs impliqués dans leur action.

Propositions pédagogiques existantes. (1) Découvrir le cerveau à l’école (C. Sourbette & T. Potdevin, Canopé, 2017) propose une séquence annuelle s’appuyant sur la progression suivante : période 1, généralités sur le cerveau ; période 2, l’attention ; période 3, l’inhibition ; période 4, la flexibilité ; période 5, résoudre un conflit cognitif. Cette séquence à l’avantage de couvrir l’ensemble des fonctions exécutives. C’est une séquence qui cherche à faire comprendre aux élèves les fonctions exécutives plus que de les entrainer en tant que telle. (2) Entrainer le cerveau à résister (Garbarg-Cheon,& Latang, Nathan, 2023) prend la forme d’un répertoire d’activité permettant d’entrainer une fonction exécutive en particulier : l’inhibition. La majorité de ces activités sont réalisables par les élèves en autonomie. Il est ensuite question de proposer des séances quotidiennes d’entrainement de l’inhibition (le manuel suggère 4 séances de 10 min par semaine). Ici, l’enseignement sur le fonctionnement du cerveau se réduit à l’essentiel et sert avant tout à contextualiser les séances d’entrainement de l’inhibition.

Perspectives. (1) Conserver l’idée de séances quotidiennes spécifiquement dédiée à l’entraînement des fonctions exécutives. Ces séances peuvent, comme la motricité fine, prendre la forme d’ateliers libres. (2) Ces séances peuvent cependant concerne plusieurs fonctions exécutives en même temps, de la même façon que les ateliers de motricité fine ciblent plusieurs compétences motrices en même temps. (3) À l’école maternelle, il semble que l’on puisse se concentrer sur l’entrainement de trois fonctions cognitives : l’inhibition, l’attention et la mémoire de travail. (4) Ces fonctions exécutives doivent être entrainées, mais aussi explicitées pour elles-mêmes. (5) Ce travail de métacognition s’intègre dans une démarche relevant de la pédagogie explicite si ces fonctions exécutives sont ensuite mises en relation avec les activités scolaires usuelles – par exemple, en explicitant comment la mémoire de travail est impliquée dans une activité de boîte à nombre.

🟠Proposition d’une démarche, première esquisse 🟠

  • En amont (1) : Mettre au point une sélection d’activité permettant aux élèves de travailler la mémoire de travail (memory, jeu de mémoire son et lumière), l’inhibition (anitaille) et l’attention (cherche et trouve, dobble, lynx). On cherchera dans les manuels, mais aussi dans les jeux de société usuels que l’on connait déjà.
  • En amont (2) : Identifier dans les activités usuelles les fonctions exécutives impliquées. L’attention est impliquée dans les tris. La mémoire de travail dans les boîtes à nombre. L’inhibition est impliquée dans la distinction des lettres miroirs.
  • Apprendre les jeux aux enfants tout en explicitant la fonction exécutive impliquée. Celles-ci doivent être explicitement présentées comme des séances « d’entrainement des fonctions exécutives » et non comme de simple séance de jeu. Les fonctions exécutives peuvent être définies aux élèves comme « ce que l’on fait avec son cerveau pour réussir des actions ». Réaliser des sessions régulières (4 fois par semaine, 20 min) d’entrainement tout en rappelant régulièrement quelle fonction exécutive est impliquée dans quel jeu.
  • Dans les apprentissages formels, expliciter aux élèves les fonctions exécutives mises en jeu. Par exemple, dans une activité ou il faut trier de « b » et des « d », expliquer que pour réussir, il faudra utiliser l’inhibition pour s’empêcher d’aller trop vite et l’attention pour bien regarder le sens de la lettre.